vendredi 13 janvier 2017

De la prière pour le pape

par un père capucin
 

Source : Résistance catholique francophone


Il est indéniable - et cela crève autant nos yeux que nos cœurs - que François surpasse en scandales tous ses prédécesseurs post conciliaires sur le siège de Pierre. Point n’est besoin de les évoquer, il suffit de suivre le sinistre feuilleton des “Nouvelles de Rome” dans le Sel de la Terre. Même des prêtres et des laïcs de paroisse protestent publiquement, jusqu’à ne plus se considérer de son Église (voir MCI-44-8)

A fortiori dans nos rangs de la Tradition, on l’on constate que de plus en plus de fidèles - et même des prêtres - en sont si outrés qu’ils ne veulent plus prier pour le pape, et parlent de lui comme s’il était un antipape, avec un mépris affiché. Paradoxalement, d’autres rêvent toujours de restaurer l’Église en concluant un accord canonique avec lui.

Dans cette affreuse crise de l’Église doublée maintenant d’une crise dans la Tradition elle-même, il ne sera pas inutile de rafraîchir nos mémoires en citant nos anciens du combat de la foi, qui avaient su voir clair avant nous, remonter aux bons principes pour ensuite en tirer les applications concrètes. En particulier celle-ci : plus le pape met la foi et les mœurs en danger, plus il faut prier pour lui.

1)  Un [néo-]moderniste - fut-il pape - est un ennemi de la foi qui ne peut subsister qu’au sein même de l’Église.


*   St Pie X (Pascendi, 8-09-1907) : « Ils se cachent, et c’est un sujet d’angoisse et d’appréhension très vives, dans le sein et au cœur même de l’Église, ennemis d’autant plus redoutables qu’ils le sont moins ouvertement. » (...) « Ennemis de l’Église, certes ils le sont, et à dire qu’elle n’en a pas de pires, on ne s’écarte pas du vrai. Ce n’est pas du dehors, en effet, c’est du dedans qu’ils trament sa ruine ; le danger est aujourd’hui jusqu’aux entrailles mêmes et aux veines de l’Église. »


*  Abbé Berto (Itinéraires d’avril 1967 ; n° 119, p. 69) : « Il ne faut pas oublier qu’entre tous les hérétiques le moderniste possède cette note distinctive de ne jamais s’avouer tel ; la nature de son hérésie exige qu’il se maintienne sous le masque à l’intérieur de l’Église (...) où il travaille à lui faire subir du dedans une mutation substantielle. »

*   R.P. Calmel (Itinéraires de novembre 1971 ; n° 157, p. 37) :
« C’est un hérétique d’un genre très particulier : un hérétique doublé d’un traître. S’il demeure dans l’Église, s’il recherche même et s’il obtient les postes les plus élevés, c’est en vue d’opérer une transformation graduelle, mais radicale. »


*   Marcel de Corte (Itinéraires de mai 1973 ; n° 173, p. 216) :
« L’hérésie s’est infiltrée in sinu atque gremio Ecclesiæ [Pascendi], où elle se refuse d’être hérésie, où elle a tellement bonne conscience d’elle- même qu’elle ne parvient plus à percevoir qu’elle en est une, où elle revendique le titre de véritable Église contre l’Église de toujours, et il s’agit là du danger le plus grand que le christianisme ait jamais connu au cours de son histoire... »

2)  C’est un grand mystère d’iniquité, que le chef même de l’Église puisse ainsi présider à sa démolition. Cependant Dieu ne permettra jamais qu’il use de son infaillibilité pour ériger son hérésie en dogme.

*   Mgr Lefebvre (Sermon du 2-02-1986 ; Fideliter n° 50, p. 17) :
« D’une manière incroyable, mystérieuse et que nous ne pouvons pas comprendre, nous sommes amenés à nous poser la question de savoir comment ceux qui occupent l’Église peuvent-ils essayer, librement, de l’entraîner dans leur modernisme, dans leurs erreurs... »


*   R. P. Calmel (Itinéraires de mai 1973 ; n° 173, p. 36)
   « Lorsqu’ils engageront leur autorité au titre où elle est infaillible, c’est le Christ lui-même qui nous parlera et nous instruira : voilà le privilège dont ils sont revêtus dès l’instant où ils deviennent les successeurs de Pierre. Mais si la Révélation nous affirme ces prérogatives de la papauté, elle ne porte cependant nulle part que lorsqu’il exerce son autorité au-dessous du niveau où il est infaillible, un pape n’en viendra pas à faire le jeu de Satan et à favoriser jusqu’à un certain point l’hérésie. »


*   Marcel de Corte (Ibidem, suite p. 220) :
« Cela ne signifie pas que le Pape et une bonne partie de la hiérarchie soient mis en dehors de l’Église. Ils sont toujours in sinu atque gremio Ecclesiæ... Ils ont fait éclater l’Église. Que leur hérésie soit voulue ou non, formelle ou informelle, le fait est que leur néo-modernisme n’a laissé de l’Église que quelques murs solides. Une théologie de Vin sinu atque gremio Ecclesiæ devrait être entreprise pour établir leurs responsabilités. Il y a du pain - ou plutôt des pierres - sur la planche . »

3)  Nos anciens n’estimaient pas avoir fait leur devoir en se contentant de dénoncer les scandales du pape régnant. Mais il exhortaient à prier encore plus pour lui.

*  Mgr Lefebvre (Aux séminaristes d’Écône, circulaire du 24-02-1977 ; dans “Le coup de maître de Satan”, p. 43-44) :
« On peut dire qu’il n’y a pas de mal pire que d’avoir sur le siège de Pierre un libéral convaincu. (...) De toute manière nous devons prier beaucoup pour le pape, afin qu’il garde fidèlement le dépôt de la foi qui lui est confié.»
(Position officielle de Mgr Lefebvre sur la nouvelle messe et le pape du 8 novembre 1979 ; Fideliter N° 13, p. 68 et 70) : « Comment un successeur de Pierre a pu en si peu de temps causer plus de dommages à l’Église que la Révolution de 89 ? On peut se le demander. (...) C’est pourquoi, loin de refuser de prier pour le pape, nous redoublons nos prières et nos supplications pour que l’Esprit-Saint lui donne lumière et force dans l’affirmation et la défense de la foi. »


*   R.P. Calmel (Itinéraires de décembre 1980 ; n° 148, p. 18) :
« Il met son âme en grand péril, le pape qui ne recule pas devant ces innovations énormes, hors de la norme catholique. (...) [Cette pensée] s’impose à ma prière. Elle m’oblige, elle nous oblige à prier beaucoup plus pour le pape. » (Itinéraires de mai 1973, n° 173, p. 37) : « Quand ils sont réduits à l’extrémité d’avoir de tels papes [gravement scandaleux dans l’ordre de la foi et de la morale], les fidèles, les prêtres, les évêques qui veulent vivre de l’Église ont le grand souci non seulement de prier pour le Pontife suprême, qui est alors un grand sujet d’affliction pour l’Église, mais il s’attachent eux-mêmes d’abord, et plus que jamais, à la tradition apostolique... »


*   Luce Quenette (Itinéraires, suppl. de juillet 1970 ; n° 2) :
« Nous prions pour que le pape ne cède pas à l’hérésie. (...) Jamais la prière Pro pontifice nostro, dite chaque jour, n’a été plus fervente... »

*  Maurice de Charette (Itinéraires de mai 1973 ; n° 173, p. 225-226) : « Rien ni personne ne m’empêchera de déplorer les désordres nés de ce concile et la régression de l’Église sous ce pontificat. (...) Nous devons prier, crier, ne pas perdre un instant de repos jusqu’à ce que, le coq ayant chanté trois fois, Pierre se ressaisisse enfin. »

CONCLUSION.


Le Sacré-Cœur de Notre-Seigneur-Jésus-Christ ressentait une haine violente pour le péché, mais aussi une grande miséricorde pour les pécheurs qui le faisaient souffrir sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Le 23, 34).

Il nous faut voir aussi, à son exemple, une grande haine pour le néo-modernisme qui subvertit l’Église, mais accompagnée d’une grande miséricorde pour le misérable pape qui nous fait tant souffrir, en priant encore plus (amplius) pour lui.

Pour ceux qui refusent malgré tout de le considérer comme vrai pape, qu’ils s’en fassent un devoir au moins pour obéir à l’Évangile, qui nous commande de prier pour nos ennemis (Mt 5, 44 ; Le 6, 28), sans aucune exclusion. Qu’ils prient donc pour celui qui est assis sur le siège de Pierre, même s’il est le pire ennemi de la religion catholique, au moins pour qu’il se convertisse, fasse une digne réparation et sauve son âme.

Quant  à ceux qui ne se croient pas compétents pour déposer François de sa charge, et qui l’en présument encore possesseur, ils prieront d’autant plus à cette intention que leur devoir de fils de l’Église les oblige à prier publiquement et privément pour son chef visible. Obligation d’autant plus pressante que la barque de Pierre s’enfonce de plus en plus dans les flots de l’apostasie générale. Et à l’exemple de Jacinthe de Fatima, ils y joindront des sacrifices en plus, pour le “pauvre Saint-Père”.


En la fête de sainte Lucie 2016
Par un père capucin