samedi 20 mai 2017

Monseigneur Lefebvre condamné par Menzingen pour avoir fait de la subversion



 Le 15 décembre 1983, Mgr Lefebvre expliquait aux séminaristes d'Ecône la raison de sa lettre ouverte au pape Jean Paul II. Il explique à ces derniers qu'il avait essayé de récolter le maximum de signatures parmi ses confrères dans l'épiscopat mais que tous (sauf Mgr de Castro Mayer) s'étaient désistés par peur (Mgr Adam et Mgr Graber entre autres). Mgr Lefebvre a essayé de maintenir le secret le plus longtemps possible pour faire "choc". Entre 1983 et 2017, on est donc passé de l'ère de la vérité à l'ère de la terreur dans la FSSPX.

 En audio : conférence aux séminaristes le 15 décembre 1983  
télécharger la conférence : ici 

"Puisque nous avions voulu faire choc avec notre lettre ouverte au pape, c’est pourquoi nous avons essayé d’obtenir le secret le plus absolu, mais les séminaristes devaient bien savoir quelque chose puisqu’ils savent tout… Je ne sais pas si le secret a été bien observé, mais en tout cas nous avons essayé de le garder…

Et alors il faut que je vous explique quand même un petit peu, en deux mots, comment les choses se sont passées. Ce n’est pas la première fois que nous avons le désir de parler publiquement, de faire quelque chose. Déjà l’année dernière, Mgr Graber, l’ancien évêque de Ratisbonne, m’avait demandé de venir le voir et avait préparé lui-même une protestation, une lettre publique au pape, assez brève, mais il avait l’air d’y tenir beaucoup. Alors nous avions discuté et je l’avais encouragé à demander d’essayer d’avoir la signature de plusieurs autres évêques, en particulier de Mgr Adam et peut-être du Cardinal de Tolède, enfin d’essayer d’avoir quelques signatures… Ce qui avait été fait. J’avais été voir Mgr Adam exprès, avec le document de Mgr Graber pour lui demander s’il accepterait de signer. Mgr Adam a dit : - Il faudrait que le pape soit d’accord… Et puis le séminaire de Zaitskofen a tout préparé. J’avais envoyé la liste que j’avais des 450 évêques qui avaient demandé la condamnation du communisme pendant le Concile. J’avais fait une photocopie, je l’avais envoyée à Zaitskofen et toutes les enveloppes ont été préparées, les traductions en diverses langues pour que ce document soit envoyé à travers le monde entier, à environ 350 évêques, il y en a bien une centaine qui sont morts depuis le Concile… Et puis, ma foi, à la dernière minute, lorsque le moment était venu d’envoyer tous les documents, Mgr Graber a dit : - Non, non, je ne le fais plus !… Il était allé à Rome entre-temps, il avait dû voir Mgr Ratzinger, il a dû lui confier son désir de faire une lettre de ce genre et Mgr Ratzinger a dû lui dire : - Non, non, non, ne faites surtout pas ça Et en attendant il a été nommé assistant au trône pontifical !… Alors ça nous a fait perdre ça presque un an dans notre désir de faire quelque chose publiquement…

Puis ensuite, c’est avec Mgr Castro Meyer que les choses se sont précisées davantage. J’avais bien essayé plusieurs fois de faire quelque chose avec Mgr Castro Meyer. Lui-même était très désireux de le faire, il m’a écrit souvent en me disant : - Envoyez-moi… faites quelque chose… Mais avec cette affaire de Mgr Graber, ça avait retardé les choses et puis les communications sont assez longues avec le Brésil. Lui-même était assez occupé avec toutes les difficultés que le nouvel évêque progressiste fait à ses prêtres. Alors c’était vraiment difficile d’organiser quelque chose, si bien que cette fois-ci, avant de partir pour l’Amérique du Sud, j’avais dit à Mgr Castro Meyer : - Écoutez, ne venez pas seulement me voir pendant une matinée à Rio de Janeiro, on ne peut rien faire pendant une matinée, on ne peut pas travailler, ce n’est pas possible. Il faut que nous puissions au moins avoir deux jours, sinon trois jours pour pouvoir faire quelque chose de bien… Alors de fait, Mgr Castro Meyer, cette fois-là est resté trois jours avec moi à Rio de Janeiro et il avait déjà préparé un document. Je dois dire, en réalité, que le document est plus de Mgr de Castro Meyer que de moi. Il avait déjà écrit le document pratiquement. On en a discuté. J’ai repris la lettre avec moi, j’ai changé un peu la lettre après avoir traduit du portugais, mais le résumé des erreurs est presque resté tel quel, à part quelques modifications. Par conséquent, Mgr de Castro Meyer avait déjà travaillé avec ses prêtres et puis avec même des laïcs qui ont fait des études théologiques et nous avons passé trois jours pour en finir avec ce document et le signer. Nous l’avons daté, puisque c’était le premier jour que j’étais là-bas, du 21, de la Présentation de la Sainte Vierge qui est en même temps le rappel du document que j’avais envoyé en 74, c’était aussi le 21 novembre que j’avais fait ce fameux document qui m’a valu… les coups de crosse du Saint-Siège !

Et voilà comment s’est faite l’histoire de ce document. Mgr Castro Meyer a donc signé, nous étions deux évêques… Évidemment on aurait aimé avoir d’autres signatures, mais ce n’était plus possible, il aurait encore fallu voyager, aller les voir, ça aurait toujours retardé la parution du document et puis c’était très problématique. Alors nous avons décidé là-bas de faire paraître, d’en parler, de diffuser le 9 décembre et donc, le même jour, ont eu lieu toutes ces conférences de presse en Europe et aux États-Unis, à New York, à Rio de Janeiro, à Campos bien sûr, à Buenos Aires, enfin un peu partout… Nous avons fait des conférences et moi-même, donc vendredi dernier, si je ne me trompe, j’ai fait une conférence à Frankfort avec l’abbé Bissig comme interprète, puisque je ne parlais pas l’allemand malheureusement. Et puis ensuite à Paris, à trois heures de l’après-midi, à l’aéroport Charles de Gaulle, dans la salle de presse où il y avait un bon nombre de journalistes, avec la télévision.

Évidemment lorsque nous avons invité la presse, aussi bien je pense ici que particulièrement en France et en Allemagne, ce qui a été peut-être été le motif de leur déplacement et de leur curiosité était pour eux que j’allais leur annoncer que je faisais un évêque… Ils sont restés sur leur faim puisque ce n’était pas ça. Ça les a un petit peu déçus, ils espéraient pouvoir mettre en gros titre : Monseigneur fait un évêque. Alors ils ont bien essayé quand même un peu avec Le Figaro, ils étaient tellement persuadés que c’était cela que j’allais dire qu’ils m’ont posé la question, comme tous les journalistes posent toujours la question… Mais quand même dans mon exposé je n’en ai pas parlé du tout, je n’ai pas dit un mot de cela parce que je n’avais pas l’intention de parler de cela… Mon intention était de leur dire que ce document était très important, que je les avais avisés parce que j’estimais que cette prise de position, cette lettre publique était vraiment, à mon avis, une date dans l’histoire de l’Église et de l’histoire de l’Église post-conciliaire. J’ai surtout insisté pendant ces revues de presse, ces interviews, j’ai insisté sur le fait que ce sont les fidèles qui nous poussent à prendre cette décision parce qu’ils sont excédés par ces situations troubles, confuses et par cette démolition de l’Église, toujours de plus en plus grave, toujours de plus en plus étendue, dans tous les pays du monde. Et vous savez bien que pour les journalistes, il n’y a qu’une chose qui compte, c’est le commerce. Ce n’est pas les idées, c’est l’argent. Alors faut-il, après avoir publié quelque chose, avoir plus de lecteurs ou moins de lecteurs ? Il n’y a que ça qui compte, vous savez, c’est le grand problème. Auront-ils davantage de lecteurs ou auront-ils moins de lecteurs ? Alors j’ai insisté justement sur l’intérêt qu’avaient les lecteurs d’être mis au courant de cet événement historique !… Je pense qu’ils ont été quand même intéressés et piqués par cela et que, dans l’ensemble, ils ont fait des communiqués dans un bon nombre de journaux… Évidemment plus ou moins favorables, plus ou moins objectifs, mais enfin, ça a quand même paru, ça a quand même été connu. Ça a passé aussi dans les radios surtout. Je n’ai pas entendu dire qu’il y avait eu quelque chose à la télévision. Pourtant ils sont venus, la télévision était là chaque fois, aussi bien en Allemagne qu’à Paris, mais je n’ai pas l’impression qu’il y a eu quelque chose qui soit passé à la télévision. Il y a peut-être eu d’ailleurs, ce qui n’est pas impossible… parce que vous pensez bien que le Vatican a été au courant tout de suite, certainement, ça ne fait pas de doute puisque les représentants de La Croix étaient là, donc ils ont dû avertir la Nonciature. Mais nous-mêmes nous avions envoyé le document à la Nonciature de Berne. Je ne sais pas s’ils ont su ce qu’il y avait dans l’enveloppe, ils l’ont peut-être ouverte ou bien ils l’ont envoyée tout de suite à Rome, et à Rome ils ont été au courant. Or nous constatons que l’Osservatore Romano et que Rome jusqu’à présent n’ont pas réagi du tout. Il n’y a rien dans l’Osservatore Romano jusqu’à présent. Est-ce que c’est la consigne du silence qui a été donnée. Alors il n’est pas impossible du tout que le Vatican ait fait des efforts auprès des journaux et auprès de la télévision, auprès des organes de diffusion, de ne rien dire, de se taire, de ne pas diffuser… C’est possible. Quoi qu’il en soit, ça a été tout de même bien diffusé. Je reçois aujourd’hui même les journaux du Brésil qui font état de cette intervention et il y a même un journal qui donne le document complet, non seulement la lettre, mais même le résumé.

Bien sûr qu’après mon exposé, j’ai surtout donc insisté sur la crise de l’Église et la nécessité pour des évêques d’intervenir, pour essayer au moins par un document public de faire réfléchir le Saint-Siège puisque voilà quinze ans que nous correspondons, nous écrivons… Mgr Castro Meyer lui-même est allé faire une visite au pape à l’occasion de ses 75 ans, puisque normalement il aurait dû être démissionnaire à 75 ans… Alors à ce moment-là, le pape ne lui a même pas parlé de sa démission pour son diocèse, mais ils ont parlé des choses de l’après-Concile. Mgr Castro Meyer a également envoyé des lettres, de magnifiques lettres, sur la liberté religieuse, sur la liturgie, et tout ça, les protestations de ses prêtres aussi, de Campos qui sont très belles… Vous les avez connues, vous les avez lues dans Si si No no ou dans différentes publications…

Et bien, pas de réponse de Rome, rien… pas d’écho !… Moi-même, vous le savez bien, ça fait maintenant bientôt quinze ans qu’on est en correspondance, visite, visite, correspondance, comme ça, indéfiniment… Vous avez pu lire ces documents dans Itinéraires qui les a publiés, cela fait plusieurs petits volumes… Et bien, on est pratiquement toujours dans la même situation. Ils ne veulent pas entendre parler de retour en arrière, de changements ou quoi que ce soit dans ce qu’ils ont fait depuis le Concile.

Alors devant cette résistance du Saint-Siège, et bien il nous a paru qu’il fallait faire une déclaration publique.

Après l’exposé que j’ai fait de cette intervention que nous voulions faire et la diffusion que nous souhaitions qu’ils donnent à cette lettre publique, je leur ai laissé poser des questions bien sûr… Ceux qui ne connaissaient pas Mgr de Castro Meyer ont demandé qui était Mgr de Castro Meyer, s’il avait toujours un diocèse, quelle était sa situation, etc. Alors je leur ai expliqué un peu la situation dramatique dans laquelle se trouve son diocèse et la résistance de ses prêtres et tout ça… Je les ai mis un peu au courant. Et puis, comme ils font toujours, ils posent toujours la question, ce n’est pas d’aujourd’hui, ils l’ont posée déjà vingt fois, trente fois. Chaque fois que je vois un petit groupe de gens de la presse : - Mais Monseigneur, votre succession ?… Vous prenez de l’âge… Que vont devenir vos prêtres ? Que vont devenir vos séminaristes ? Vous dites bien que vous avez des séminaristes mais, s’il n’y a pas d’évêques pour les ordonner,  qu’est-ce que ça va devenir ?… Je dis : - Oui, je sais bien… - Alors vous n’avez pas l’intention de consacrer un évêque ?… Je dis : - Non, je n’ai pas encore l’intention de consacrer un évêque… On attend, on attend… Je ne dis pas que ça ne puisse pas se faire un jour, je n’en sais rien… J’attends des indications plus précises de la Providence. Indications qui peuvent être des événements inconnus, je n’en sais rien, événements politiques, événements ecclésiastiques, je ne sais pas… Mais en tout cas, pour le moment, je dis qu’il n’est pas question de consacrer un évêque. 

Alors bien sûr, des journalistes qui ne sont pas très fidèles à la vérité et cherchent toujours à essayer de mettre un peu de sel dans leurs publications… font alors disparaître ces conditions et disent : - Monseigneur est disposé à consacrer un évêque… Alors on ment. Je le dis encore une fois, eux ils cherchent le commerce, c’est tout. Alors si c’est seulement hypothétique, ça n’intéresse pas les gens : - Oh ! et bien, si c’est pour dans dix ans, ce n’est pas la peine de… Si c’est pour plus tard, ce n’est pas intéressant, mais si c’est : - Monseigneur a l’intention de consacrer un évêque ! Alors là… le journal se vend, c’est tout ! Vous voyez bien qu’ils mettent des encarts partout, sur les boutiques, partout, vous avez toujours les gros articles, en gros titres, ce qu’il y a dans un journal, le journal du Valais… C’est ça, il faut vendre le journal ! Alors s’ils mettent des titres qui ne sont pas alléchants, qui n’attirent pas, on achète pas le journal, ce n’est pas la peine d’acheter le journal pour si peu de choses ; mais si c’est alléchant on achète le journal. Alors il ne faut pas vous étonner qu’ils transforment ce que l’on dit pour essayer d’attirer les lecteurs.

Mais pour l’instant il n’y a rien de changé dans l’attitude… Évidemment si je deviens tant soit peu malade, alors les problèmes se posent : - Il va mourir… Qu’est-ce qu’on va faire ? Est-ce qu’il va en faire un, est-ce qu’il ne va pas en faire un ?… Ça, c’est la petite presse du séminaire !… Alors les uns disent : - Il faut qu’il fasse… ; les autres disent : - Non, non, non, il ne faut pas qu’il fasse… Et bien, demandez cela au Bon Dieu. Moi je ne sais pas, je n’en sais rien. Je ne connais pas l’avenir, seul le Bon Dieu connaît l’avenir. Mais il est certain que des prises de position et des actes comme celui que vient de faire le Saint-Père en allant dans ce temple luthérien à Rome, est certainement grave et n’arrange pas les choses de l’Église. Il est bien certain que beaucoup de fidèles sont profondément scandalisés, profondément choqués. Alors ce sont toujours des gens qui s’en vont, des gens qui quittent et disent : - Puisque c’est comme ça, ce n’est pas la peine. On ne peut plus… Des gens qui sont découragés, ne savent plus que penser, que faire, qu’est-ce que l’Église… Parce que, si vous lisez le discours du Saint-Père, ça a paru aujourd’hui dans les journaux, on est vraiment stupéfaits. Le Saint-Père parle comme si l’unité de l’Église n’existait pas, comme si l’unité de l’Église n’avait pratiquement pas existé depuis très longtemps, surtout depuis que les protestants existent, alors il n’y a plus d’unité dans l’Église… C’est faux ! Ce serait contraire au dogme même de l’Église : dès lors que l’Église existe, elle est une ! L’Église ne peut pas ne pas être une et elle ne peut être une que dans l’Église catholique ! Ce n’est pas l’Église qui est divisée, l’Église n’est pas divisée ! Il y a des gens qui se sont séparés de l’Église, oui, il y a des gens qui ont quitté l’Église, d’accord… Mais l’Église n’est pas divisée, elle est toujours une. Elle est une dans sa foi. Elle est une dans son baptême. Elle est une dans sa croyance. Elle est une dans son credo. Elle sera toujours une. Elle ne peut pas ne pas être une. C’est une qualité essentielle de l’Église, elle ne peut pas disparaître sinon il n’y a plus d’Église. Il n’y a qu’une seule foi, un seul baptême, un seul credo. Ce n’est pas possible, ça ! Alors, c’est incroyable que le pape lui-même dans son discours donne l’impression que l’unité de l’Église n’existe pas et qu’il faut maintenant rechercher l’unité de l’Église. Mais elle n’est pas à rechercher !

Alors c’est donner une fausse idée d’ailleurs de la conversion des protestants, de la réunion des protestants à l’Église catholique. Car il n’y a qu’un moyen, c’est ce que disent toujours les papes, c’est ce que disent toutes les Encycliques - d’ailleurs c’est marqué justement dans cette conception, dans la première des principales erreurs que nous commettons - tous les documents sont là : il n’y a pas d’autre solution pour les protestants que de se convertir à l’unité de l’Église. C’est tout. On ne peut pas unir ce qui est contraire. Alors c’est vraiment stupéfiant. Certainement le pape ne semble pas avoir une idée exacte de ce qu’est l’Église. Il faut dire les choses comme elle sont. C’est tout de même grave de penser que le pape lui-même n’a pas une idée juste de la doctrine de l’Église… Alors ce sont des problèmes vraiment qui se posent, pas seulement pour nous, mais pour tous les fidèles, et pour toute l’Église… C’est désastreux pour l’Église. Alors nous devons évidemment bien prier…

Alors je pense que vous avez tous maintenant ce petit résumé qu’on a fait dans cette lettre qui, je crois, met le doigt sur les principales erreurs, vraiment les erreurs les plus évidentes qui ont été diffusées depuis le  Concile et qui existent encore…

Alors dans le journal Présent, Hugues Kéraly aujourd’hui, fait un petit commentaire du numéro 1. Il dit qu’il va continuer son commentaire. C’est très bien fait, très intéressant. Heureusement qu’il y a au moins cette publication qui explique aux fidèles ce que nous avons écrit au Saint-Père et qui donne les motifs qui nous ont poussés à parler publiquement. Alors je vous invite à lire ça avec attention parce que je crois que c’est tout de même important…"