samedi 6 mai 2017

Victoire du Rosaire en 2017 ?

 Note : A l'occasion de ce premier samedi du mois de mai 2017 et à la veille d'évènements politiques français qui engagent plus profondément la France dans un processus mondialiste (qui n'est qu'un communisme déguisé et cravaté), il est bon de se rappeler que toute victoire catholique n'est qu'une victoire de Notre Dame et donc du Rosaire. C'est Elle seule qui écrase le serpent infernal. Les catholiques sont actuellement abandonnés par la hiérarchie officielle et tyrannisés par le pouvoir mondialiste. Cette permission divine n'a qu'un but : laisser toute la gloire de la victoire à Notre Dame. Raison de plus de s'attacher au Rosaire

Les grandes victoires du rosaire par le RP Marie-Dominique (O.P. ) du couvent de la Haye aux Bonshommes.  Extrait du Sel de la terre n°41


I) Victoire sur les Cathares

AU DÉBUT du XIIIe siècle, en Languedoc, peu de temps après avoir été révélé à saint Dominique, le rosaire apparaissait à la fois comme une arme de guerre invincible contre les ennemis de l’Église (bataille de Muret le 12 septembre 1213), mais aussi comme une méthode de prédication extrêmement efficace pour combattre l’hérésie et convertir les âmes (1) (2). Ainsi fut vaincu un fléau, « vraie guerre sociale, qui laissait trop prévoir ce que serait désormais l’histoire pour la cité sainte (3) », car « on étouffa la doctrine des Albigeois au moins quant à sa prédominance extérieure ; mais elle resta sourdement comme semence de toutes les erreurs qui devaient éclater au XVIe siècle (4) ». Victoires sur l’islam

« Lorsque les nations chrétiennes de l’Orient, celles qui avaient transmis aux Occidentaux le flambeau de la foi qu’elles ont laissé s’éteindre chez elles, eurent assez fatigué la justice divine par les sacrilèges hérésies dont elles défiguraient l’auguste symbole de la foi, Dieu déchaîna sur elles, du fond de l’Arabie, le déluge de l’islamisme qui engloutit les chrétientés premières. [...] C’est notre tour maintenant, nations occidentales, si nous ne revenons pas au Seigneur Notre Dieu !. »

Aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, l’invasion menaçait l’Europe chrétienne. Mais celle-ci eut assez de foi pour la repousser, en prenant l’arme du rosaire : spécialement à Lépante (7 octobre 1571), Vienne (12 septembre 1683) et Peter- wardein (26 juillet 1716) (5) (6) (7) .

Ces victoires furent à l’origine des fêtes liturgiques du Saint Nom de Marie (12 septembre) et de la solennité de Notre-Dame du très saint Rosaire (premier dimanche d’octobre).

II) Victoires sur le protestantisme

La révolution protestante de 1517, préparée par la Renaissance, fut la première grande étape de l’apostasie des nations (8).

 La Rochelle : 1er novembre 1628

Lorsqu’au XVIIe siècle le protestantisme menaça dangereusement le royaume de France, ce fut encore le rosaire qui l’en délivra (9) .

A la tête d’une puissante armée, le roi Louis XIII s’efforçait de réduire à l’obéissance la ville de La Rochelle, soutenue par l’Angleterre, et qui était devenue le boulevard du protestantisme en France. Sur l’ordre du monarque, le rosaire fut d’abord récité solennellement au couvent dominicain du Faubourg Saint-Honoré à Paris, en présence de toute la cour. On le priait à deux chœurs, selon la coutume dominicaine. Puis le roi appela le père Louvet O.P., célèbre prédicateur à l’époque, afin de prêcher une mission à l’armée avec plusieurs frères prêcheurs. On distribua 15 000 chapelets parmi les troupes et, chaque soir, les protestants...
assiégés voyaient les troupes catholiques porter en triomphe une statue de la Madone autour de la ville, à la lueur des torches, au bruit cadencé de la récitation des Ave Maria et au chant des cantiques. La ville fut prise. Le roi y fit entrer les dominicains en premier. Ils portaient un immense étendard de couleur blanche liséré de bleu, sur lequel on lisait « Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti in universo mundo ! ».

En action de grâces, le roi Louis XIII fit construire l’église Notre-Dame des Victoires à Paris et, quelques années plus tard, persuadé que la naissance du dauphin (le futur Louis XIV) était encore due à l’intervention de Notre-Dame, il le fit inscrire dans la Confrérie du rosaire, en présence de toute la cour, le 6 novembre 1638. Le 10 février 1638, le roi avait d’ailleurs consacré la France à Marie.
 Aux Philippines : Notre-Dame du rosaire de La Naval (10) (11) 

Cette victoire est importante dans la mesure où elle sauva le catholicisme dans toute l’Asie.

Alors que, dans tout le reste du continent, les fausses religions s’opposèrent violemment, de manière générale, à toute pénétration du catholicisme (12) , faisant couler en abondance le sang des martyrs, la conversion des Philippines fut une réalisation sans parallèle dans l’histoire (13) : en 40 années (de 1565 (14) à 1605), sans qu’une goutte de sang soit versée, le pays devint grâce aux espagnols une chrétienté modèle. Il fut alors pour l’Église une base providentielle d’où partirent des légions de missionnaires pour évangéliser les autres pays de l’Asie.

Or, le 15 mars 1646, une flotte de navires hollandais protestants, redoutablement armée, surgit au large du port de Manille (15). Espagnols et Philippins furent désemparés, n’ayant à leur disposition que deux galions commerciaux - « L’Incarnation » et « Le Rosaire » - qu’ils armèrent à la hâte et vaille que vaille. C’est alors que le vénérable père Jean de Conca O.P. se mit à prêcher le rosaire aux matelots, et le fit réciter à deux chœurs sur le pont des deux navires. Les marins firent le vœu d’aller, en cas de victoire, faire un pèlerinage pieds nus à la Vierge du rosaire conservée au couvent dominicain de Manille. De mars à octobre, cinq violentes rencontres se soldèrent par cinq victoires humainement inexplicables. Les navires protestants furent mis en pièces, tandis que l’on entendait dans le ciel des voix disant : « Vive la foi du Christ et la bienheureuse Vierge du rosaire. » Sur 200 hommes, les catholiques n’en perdirent que 15. Les Philippines restaient à l’Église.

Une extraordinaire dévotion au rosaire se répandit alors dans tout le pays qui devint « Le Royaume du saint rosaire » selon l’expression du pape Pie XII b Chaque année, et aujourd’hui encore, une immense procession se déroule à Manille, en action de grâces, derrière la statue miraculeuse de la Vierge du rosaire, précédée de 21 chars fleuris portant des saints dominicains. Deux cent mille personnes portant des cierges suivent la Madone, et les Philippines sont consacrées à Notre-Dame du rosaire au terme de la cérémonie (16) (17) (18) .

3) Le triomphe du rosaire au Japon

L’histoire du Japon nous montre deux fruits importants de la dévotion au rosaire : elle soutient le courage des martyrs, et elle permet de garder la vraie foi catholique. Nous voyons ici le catholicisme affronté aux fausses religions orientales.

 Les martyrs

C’est le 15 août 1549 que saint François-Xavier (1506-1552) aborda à Kago- shima, au sud du Japon. Malgré l’obstacle du bouddhisme hostile et immoral, la première évangélisation fut assez facile. Le système de féodalité qui affaiblissait le pouvoir central de l’empereur, permettait de s’appuyer sur les seigneurs favorables. D’autre part, saint François-Xavier était en présence d’un peuple religieux et intelligent.

Ce furent les jésuites qui introduisirent le rosaire au Japon, spécialement par la diffusion d’un ouvrage en japonais sur les quinze mystères. Malheureusement, en 1582, arriva au pouvoir un nouvel empereur, Taïco Sama, hostile au christianisme, et qui refit l’unité politique du pays. Soutenu et encouragé par les bonzes, il déclencha une persécution violente. Le 5 février 1597, 23 franciscains et 3 frères jésuites furent crucifiés à Nagasaki. Cela n’empêcha pas les dominicains, venus des Philippines, d’aborder au Japon en 1607, profitant d’une accalmie. Malgré les difficultés, ils fondèrent partout des confréries du rosaire, sous l’impulsion du bienheureux Alphonse Navarrette O.P.(1571-1617), vicaire provincial au Japon L Les missionnaires mettaient à la tête des Confréries des chefs ou majordomes, dont la fonction consistait à assembler régulièrement les fidèles pour la récitation du chapelet, de leur en rappeler les mystères, de leur lire l’exposition qu’en avait faite le vénérable Louis de Grenade O.P., de leur renouveler les conseils et les avis des pères de la mission.

Mais l’anglais Guillaume Adams, capitaine d’un vaisseau hollandais, dénonça les missionnaires catholiques au nouvel empereur, Cubo Sama, les accusant d’être les espions des Espagnols pour envahir le Japon. Un édit de 1614 généralisa la persécution. Les religieux furent massacrés, les églises détruites, le christianisme interdit sous peine de mort. Mais rien n’ébranlait les confrères du rosaire. Ils allaient au supplice comme à une fête, la plupart ayant revêtu l’habit blanc et le mantelet noir de la Confrérie, et portant leur rosaire au cou ou à la main. Lorsqu’en 1638 le Japon se coupa du monde extérieur, Rome fut persuadée qu’il n’y avait plus de catholiques dans le pays.

 Catholiques sans prêtres

C’est en 1858 que le Japon se rouvrit de nouveau à l’étranger. Une nouvelle mission catholique fut inaugurée à Nagasaki le 10 janvier 1865. Mais quelle ne fut pas la surprise du père Petitjean M.E.P. (19) (20) , le 17 mars 1865, de voir arriver dans son église nouvellement construite, une quinzaine de Japonais lui apprenant qu’ils étaient catholiques. On s’aperçut qu’ils étaient des milliers dans tout le pays. Privés de prêtres par la persécution, ils avaient continué à se réunir sous la direction des majordomes des Confréries du rosaire. Ils s’étaient transmis la foi par le rosaire et par les deux sacrements que peuvent administrer les laïques : le baptême et le mariage (21) . Ils montrèrent aux prêtres des grains de chapelet pieusement gardés pendant deux siècles, ainsi que des ouvrages sur les mystères du rosaire en japonais ancien. Deux ans auparavant, des protestants avaient bâti un temple à Nagasaki, mais n’y voyant ni crucifix ni image de saint à vénérer, les catholiques japonais comprirent que ce n’était pas la vraie religion. Ils reconnurent les missionnaires catholiques à trois signes : la dévotion envers Notre-Dame, l’obéissance au pape, et le célibat. « Ils sont vierges, merci ! merci ! », s’écrièrent- ils en se prosternant à terre lorsque le père Petitjean leur dit que les prêtres catholiques ne sont pas mariés.

En souvenir de cette découverte des catholiques, une fête liturgique est célébrée chaque année au Japon le 17 mars, la fête Beata Maria Virgo de inventione christianorum b La messe est celle du commun des fêtes de la sainte Vierge (22) (23) .

IV) Les guerres de Vendée

Il est incontestable que le rosaire a soutenu la résistance vendéenne de 1793-1795 qui conduisit les Vendéens à la gloire du martyre et sauva le catholicisme en France. Ce fut le fruit des prédications de saint Louis-Marie Grignion de Montfort et des montfortains. Certains le nient (24). Le professeur Jean de Viguerie répond avec sa précision habituelle : « La cause véritable du soulèvement est religieuse. Les chants, les prières, les insignes portés, le nom de l’armée “catholique et royale” lui confèrent dès les premiers jours un caractère religieux. [...] Durant tout le dix-huitième siècle, ce pays a bénéficié d’une évangélisation intense grâce aux missions paroissiales des pères montfortains, disciples du père Louis-Marie Grignion de Montfort. Une carte des missions montfortaines ferait apparaître qu’un grand nombre de paroisses insurgées avaient reçu au moins une fois pendant le siècle la visite des missionnaires. Ceux-ci avaient enraciné trois dévotions dans le cœur des populations, la Croix, le Saint-Sacrement et le chapelet. [...] Sans cet apostolat missionnaire, sans cet esprit de sacrifice qu’il développa, la Vendée est incompréhensible (25) . »

Dans sa description de la Vendée entre 1793 et 1795, rédigée en 1818, Jean- Alexandre Cavoleau écrira : « Dans les marches et au milieu des camps, ils se livraient à toutes les pratiques de la dévotion. J’ai rencontré un corps nombreux à genoux et disant le chapelet très dévotement ; je l’ai vu ensuite défiler en chantant des cantiques h » Dans ses Mémoires, la marquise de la Rochejaquelein note après la prise de Bressuire (2 mai 1793) : « Le soir, nous fûmes surpris et édifiés de voir dans chaque chambre tous les soldats à genoux, répétant le chapelet dit par l’un d’eux, et nous apprîmes qu’ils ne manquaient jamais de le faire trois fois par jour (26) (27). » Il s’agissait donc du rosaire entier.

V) Victoires sur le communisme

La Révolution d’octobre 1917 en Russie ne fut pas un simple coup d’État en vue de changer de régime, elle visait surtout à « répandre à travers la planète les institutions et les mœurs de l’athéisme (28) ». Elle se produisait d’ailleurs en plein conflit de 1914-1918 qui était la première des guerres visant à établir un gouvernement mondial. C’est l’assaut suprême contre la royauté sociale du Christ (29).

« Le démon a engagé la lutte décisive, c’est-à-dire finale, d’où l’un des deux sortira vainqueur ou vaincu », dit Notre-Dame à sœur Lucie de Fatima (30).

Dans cette bataille, la Vierge Marie, qui se nomme Notre-Dame du rosaire (31), vient dire que « les ultimes remèdes donnés au monde sont : le saint rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. “Ultimes” signifie qu’il n’y en aura pas d’autres (32) ».

Le triomphe de Notre-Dame, promis par elle dans son apparition du 13 octobre 1917 à Fatima (33), se produira par la diffusion de la communion réparatrice des cinq premiers samedis et par la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie par le pape et les évêques unis au pape.

Quant au rosaire, partie intégrante de la dévotion au Cœur de Notre- Dame (34), « la très sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, [lui] adonné une efficacité nouvelle 1 », proportionnée à la gravité de l’heure. Voyons- en deux exemples caractéristiques :

 En Autriche, en 1955

A la fin de la dernière guerre, l’Autriche avait été partagée en quatre zones occupées par les alliés : Américains, Anglais, Français et Russes (35) (36). Les Russes se trouvaient dans la partie comprenant la capitale : Vienne, partie la plus riche en ressources naturelles et en industries, donc très intéressante pour Moscou qui y installa des troupes extrêmement nombreuses.

Le 25 novembre 1945, des élections ayant eu lieu dans tout le pays s’étaient soldées par un échec retentissant des communistes, qui ne remportèrent que 4 sièges sur 165. Cependant, la Voix du peuple, journal du parti, écrivait : « Nous avons perdu une bataille, mais nous ne sommes qu’au début de la guerre en Autriche et, cette guerre, nous la gagnerons. » En effet, la pression ne cessait d’augmenter dans la zone occupée, accompagnée d’ailleurs de meurtres et de pillages, confirmant la volonté de Moscou d’annexer définitivement le pays.

C’est alors qu’intervint un prêtre franciscain, le père Petrus Pavliceck (19011982). Revenant de captivité en 1946, il fit un pèlerinage d’action de grâces à Mariazell, la Magna Mater Austriæ, la Mère très aimante de l’Autriche. Demandant à Notre-Dame, dans ses prières, ce qu’il pouvait faire pour libérer son pays, il entendit une voix intérieure lui répondre : « Faites ce que je vous dis : priez tous les jours le rosaire, et il y aura la paix. »

Après une année de réflexion, il lança le 2 février 1947 une croisade réparatrice du rosaire dans l’esprit de Fatima, avec les buts suivants : réparation des offenses faites à Dieu, conversion des pécheurs, paix et salut du monde et spécialement de l’Autriche.

Un an après, en 1948, 10 000 personnes étaient déjà engagées dans la croisade de prière, dont le chancelier Figl, chef politique du pays (37). Les fidèles s’engageaient à dire le chapelet chez eux pour la libération du pays, des récitations publiques furent organisées dans les églises, des processions de plusieurs centaines et parfois milliers de personnes récitant le rosaire, se déroulèrent dans les villes et les villages.

En 1949, la situation devint de plus en plus critique, et l’inquiétude grandit lorsqu’on apprit ce qui se passait dans les pays voisins : la Tchécoslovaquie et la Hongrie étaient tombées aux mains des communistes, et l’Église y était persécutée ; le cardinal Mindszenty était jugé et condamné. De nouvelles élections approchant en Autriche, le père Petrus décida d’intensifier la croisade : cinq jours de prières publiques furent organisés. A Vienne, on confessa jour et nuit et 50 000 personnes visitèrent le couvent des franciscains. Le résultat fut que les communistes ne remportèrent que 5 sièges aux élections. Mais ils ne comptaient pas en rester là, et l’on s’attendait maintenant à un coup d’état.

Pie XII dit alors à un prêtre autrichien en audience privée : « Vienne est le dernier rempart de l’Europe. Si Vienne tombe, l’Europe tombera. Si Vienne reste debout, l’Europe restera debout. Les catholiques de Vienne n’ont pas le droit d’être médiocres. Dites-le aux Viennois et répétez-leur. Et dites-leur que le pape prie beaucoup ; oui, qu’il prie beaucoup pour Vienne. »

Alors le père Petrus organisa une nouvelle prière publique de trois jours à Vienne, qui devait se terminer le 12 septembre, fête du saint Nom de Marie, grand jour de liesse en Autriche puisqu’il commémore la victoire de Sobieski sur l’islam. Puis le père Petrus décida d’organiser une grandiose procession du rosaire en pleine ville. L’archevêque de Vienne était réticent. Il craignait que les catholiques ne se mobilisent pas. On leur avait déjà tant demandé. Mais le chancelier fédéral Figl répondit : « Si nous ne sommes que deux, je viens. Pour la patrie, cela vaut la peine. » Il y eut 35 000 personnes, avec en tête le chancelier Figl, chapelet et cierge à la main.

Il était temps, car dès la fin du mois les communistes tentèrent un coup d’état militaire. Ils proclamèrent la grève générale. La chancellerie générale subit un début d’occupation. Mais les syndicats anti-communistes lancèrent leurs membres, armés de bâtons, à la contre-attaque. La grève fut brisée et le coup d’état révolutionnaire mis en échec. La croisade du rosaire comportait à ce moment 200 000 membres.

Cependant, à Berlin, Molotov, le ministre russe des affaires étrangères, lançait à la face du chancelier Figl : « N’ayez aucune espérance. Ce que nous, Russes, possédons une fois, nous ne le lâchons plus. » Le chancelier Figl transmit alors au père Petrus : « Faites prier maintenant plus que jamais. »

Le père Petrus continua donc à parcourir le pays pour recruter pour la croisade. En avril 1955, elle comportait 500 000 membres. C’est alors que le nouveau chancelier Raab fut appelé à Moscou. Il se demandait ce qui allait arriver. Il fut reçu un 13 du mois. Au soir de l’entretien, il nota sur son agenda : « Aujourd’hui, jour de Fatima. Les Russes se sont encore durcis. Prière à la Mère de Dieu pour qu’elle aide le peuple autrichien. »

Humainement, tout était perdu. Mais c’est justement à ces moments-là que Dieu intervient si l’on a gardé la foi et si l’on a persévéré dans la prière.

Et en effet, en mai 1955, ce fut le miracle. Contrairement à toutes les prévisions, Molotov accordait subitement son indépendance à l’Autriche. Après 10 ans de combats et de luttes sans issue, la menace rouge disparaissait comme par un coup de baguette magique. Le dernier soldat russe quitta l’Autriche le 26 octobre1955, mois du rosaire. Ce jour est désormais une fête nationale en Autriche.

Une grandiose cérémonie d’action de grâces fut alors organisée à Vienne, sur la Place des Héros, en présence des personnalités politiques et religieuses. Tous les discours proclamèrent que la Vierge du rosaire était la cause de la victoire.

 Au Brésil, en 1964

En 1964, au Brésil, le président Joao Goulart tenta d’organiser le passage de son pays au communisme sur le modèle cubain. Il avait réussi à noyauter les postes-clé ainsi que les écoles et les universités de la plus grande partie du pays.

Mais, presque toute l’année précédente, le père Patrick Peyton, de la Congrégation de la Sainte-Croix, avait prêché une croisade du rosaire, sillonnant le pays afin de convaincre les fidèles de se tourner vers Notre-Dame. Le peuple s’en souvint au moment du danger. Ce furent les femmes brésiliennes qui se mobilisèrent les premières, défilant par millions dans les rues des villes en récitant le chapelet. Une fois, dans la ville de Belo Horizonte, elles empêchèrent une conférence de Leonel Brizola, ambassadeur de Cuba, en envahissant à trois mille la salle où il devait parler, et en y récitant le rosaire. En ressortant, Brizola trouva également les rues pleines, à perte de vue, de femmes en prière. Il quitta la ville avec, en poche, l’un des discours les plus incendiaires de sa carrière... qu’il n’avait pu prononcer.

Le 13 mars 1964, Goulart décrétait le changement de la Constitution, l’abolition du Congrès et la confiscation des industries et des fermes.

Cela déclencha la riposte des femmes. Le texte suivant fut répandu dans tout le Brésil : « Ce pays immense et merveilleux dont Dieu nous a fait don, est dans un péril extrême. Nous avons permis à des hommes d’une ambition sans limites, dépourvus de toute foi chrétienne et de tout scrupule, d’apporter la misère à notre peuple, de détruire notre économie, de troubler notre paix sociale, de semer la haine et le désespoir. Ils ont noyauté notre nation, nos administrations, notre armée, et même notre Église, avec les serviteurs d’un totalitarisme qui nous est étranger et qui détruirait tout ce à quoi nous tenons. [...] Sainte Mère de Dieu, protégez-nous du destin qui nous menace, et épargnez-nous les souffrances infligées aux femmes martyrisées de Cuba, de Pologne, de Hongrie et des autres nations réduites en esclavage. »

De nouvelles et grandioses « marches du chapelet » furent organisées dans tout le pays, auxquelles participaient hommes, femmes et jeunes gens, tandis que Luiz Carlos Prestes, chef du parti communiste brésilien, plastronnait en déclarant : « Le pouvoir, nous l’avons déjà. »

Mais, peu à peu, le président se sentit lâché de toutes parts. Les gouverneurs d’États, des députés, les généraux de l’armée, se séparèrent de lui les uns après les autres. Le 26 mars, pour sauver le pays, les militaires prirent le pouvoir sans qu’une goutte de sang fût versée. Goulart et les chefs communistes des syndicats prirent la fuite.

Le 2 avril toute la population de Rio et des environs était dans la rue pour une gigantesque marche de prière qui fut une apothéose d’action de grâces à Notre-Seigneur et Notre-Dame.

En juillet, le père Valério Alberton, Promoteur des Confréries mariales du Brésil !, vint à Fatima remercier la très sainte Vierge de la libération de son pays. « Nous avons vaincu grâce à Notre-Dame du rosaire », déclara-t-il. « C’est le message de Fatima, vécu au Brésil, qui nous a sauvés. [...] Les appels répétés à la prière et à la pénitence, selon l’esprit de Fatima, ravivèrent la foi, la foi qui transporte les montagnes, et l’impossible se réalisa : le miracle d’une guerre gagnée sans aucune goutte de sang. Le haut commandement contre-révolutionnaire prévoyait au moins trois mois de lutte acharnée. Or une force, humainement parlant inexplicable, fit s’écrouler, comme par enchantement, comme un château de cartes, tout le dispositif militaire, patiemment et diaboliquement édifié durant plusieurs années. L’évidence de la grâce était telle que tous furent convaincus que tout cela n’avait pas d’explication humaine. Les chefs militaires et civils de la contre-révolution furent presque unanimes à attribuer cette victoire à une grâce spéciale de la très sainte Vierge. Plusieurs déclarèrent que le rosaire avait été l’arme décisive » (Voz da Fatima, octobre 1964) (38) (39).

*

* *

1 — Le Conseil Royal ou Cour Suprême dont il est fait ici mention, était nanti de cette pièce par suite d’un procès qui se plaidait en dernier appel. La copie du testament d’Antonin Sers est conservée aux archives généralices. Ce que nous rapportons ici est extrait du livre du père Antonin DANZAS O.P. : Etudes sur les temps primitifs de l’Ordre de saint Dominique, tome IV (Bx Jourdain de Saxe), Poitiers, Oudin, 1877, p. 428-429.
2 — Nous renvoyons ici le lecteur au Sel de la terre 38, p. 102-104.
3 — Dom GUéRANGER, Année liturgique, Temps après la Pentecôte, t. V, « Le premier dimanche d’octobre, fête du très saint Rosaire ».
4 — Dom GUéRANGER, Institutions liturgiques, Le Mans et Paris, Fleuriot et Débécourt, 1840, t. 1,p. 411-412.
5  — Dom GUéRANGER, Année liturgique , Jeudi de la Sexagésime. L’Église lit, ce jour-là, aux leçons de Matines, l’épisode du déluge et de l’arche de Noé. Dom Guéranger fait une analogie entre le déluge et le fléau des invasions ennemies.
7 — Dans Le Sel de la terre 39, nous avons reproduit le récit détaillé qu’en a fait le père Thomas Esser O.P.
8 — La seconde étape fut la fondation de la franc-maçonnerie en 1717, qui déclencha la Révolution de 1789. La troisième étape fut la révolution communiste d’octobre 1917 à Moscou. Le protestantisme chassait l’Église, la Révolution française détrônait Notre-Seigneur Jésus-Christ, le communisme chassait Dieu du monde.
9  — On peut se reporter à L’Année dominicaine, Lyon, Jevain : - année 1883, au 25 janvier : « Le V. père Jean-Baptiste Carré O.P., prieur du couvent du Faubourg Saint-Honoré », p. 781-782 ; - année 1884, au 14 février : « Le V. père Pierre Louvet O.P. », p. 480-481 ; - année 1891, au 31 mai : « Le V. père Timothée Ricci », p. 832-834.
10 — « Réjouissez-vous, Vierge Marie, à vous seule vous avez exterminé les hérésies dans le monde entier. »
11 — C’est le titre sous lequel est vénérée la statue miraculeuse de la Vierge du rosaire qui se trouve au couvent Saint-Dominique de Quezon City (New Manila).
12  — Nous vous renvoyons au Sel de la terre 37, à l’article : « Petit catéchisme de la Contre-Église, de la gnose et du complot », p. 129, au paragraphe : « Où la gnose s’est-elle surtout développée ? ». Hindouisme, bouddhisme, taoïsme viennent de la gnose. C’est la raison pour laquelle l’Évangile a autant de mal à pénétrer dans ces pays.
13 — Il faut noter que les îles Philippines n’étaient alors peuplées que de tribus sauvages païennes idolâtres, mais les fausses religions orientales gnostiques n’y avaient pas pénétré.
14 — Les Philippines furent découvertes par Ferdinand de Magellan le 31 mars 1521, mais il fut massacré avec ses compagnons par une tribu sauvage, pour des raisons politiques. L’évangélisation ne put donc commencer que lorsque les Espagnols revinrent avec des religieux augustins, en 1565.
15 — Le danger n’était pas petit. A Ceylan (Sri-Lanka), en 1657, les protestants hollandais détruiront la chrétienté de saint François-Xavier, abattant les églises, massacrant prêtres et fidèles. Cinquante mille catholiques durent s’enfuir dans la jungle où le catholicisme put survivre en secret pendant 150 ans. Pour essayer de l’anéantir encore plus complètement, les protestants firent venir des bonzes du Siam (Thaïlande) pour réimplanter à Ceylan le bouddhisme moribond. Ils leur construisirent des temples et des bouddhas en or. On peut se référer au magnifique ouvrage du père DUCHAUSSOIS O.M.I., Sous les feux de Ceylan, Paris, Grasset, 1929.
17 — Message du 5 décembre 1954 au Congrès marial des Philippines.
18 — On peut se reporter à :
- Maria, Études sur la sainte Vierge sous la direction d’Hubert du Manoir S.J., Paris, Beauchesne, 1958, article « Le culte de la sainte Vierge aux Philippines », par le père J. RIOU S.J., p. 668 ;
- Année dominicaine, Lyon, Jevain, 1906, au 27 novembre, « Le V. père Jean de Conca O.P. »,p. 811-812.
19 — Il sera béatifié le 7 juillet 1867 par le bienheureux pape Pie IX qui le placera à la tête de 205 martyrs du Japon. On peut se référer à l’ouvrage Les 205martyrs japonais, Paris, Albanel, 1868.
20 — Missions Etrangères de Paris.
21 — Notre-Seigneur a fait en sorte que les deux sacrements les plus nécessaires à la survie de l’Eglise puissent être administrés en l’absence de prêtres : le baptême qui lui donne des membres, et le mariage qui conserve la communauté de l’Eglise en renouvelant ses fils (III, q. 65, a. 4).
22 — « Bienheureuse Vierge Marie, de la découverte des chrétiens ».
23 — Sur cette question, on peut se référer aux ouvrages suivants : - Maria, ibid., t. IV, article « La dévotion mariale au Japon », par Henri MORA M.E.P., p. 981-999 ; - père André PRADEL O.P., Manuel du très saint rosaire, Mazères, Procure des dominicains, 1884, p. 334-337 ; - Année dominicaine, ibid., année 1893, au 1er juin, « Le bienheureux Alphonse Navarrette O.P. », p. 1-14.
24 — Ainsi Louis PEROUAS, dans un mauvais livre publié par les éditions du Cerf en 1989, Gri- gnion de Montfort et la Vendée. L’auteur nie l’influence montfortaine dans le soulèvement vendéen sous prétexte que « Les Mulotins [ou Montfortains] n’ont pris aucune part aux opérations des troupes, ni aux conseils des généraux. [...] Les Filles de la Sagesse n’ont point joué le rôle d’agents secrets de liaison [... ni] ne furent attachées comme infirmières au mouvement des armées » (p. 110). Cela ne prouve rien.
25— Jean DE VIGUERIE, Christianisme et Révolution, Cinq leçons d’histoire de la Révolution
française, Paris, NEL, 1986, p. 149 et 151.
26— Cité par le même Louis PéROUAS, ibid. (p. 116), qui est bien obligé de reconnaître certains faits.
27 — Marquise DE LA ROCHEJAQUELEIN, Mémoires, Paris, Mercure de France, 1984, p. 155.
28— Père CALMEL O.P., « Le Cœur Immaculé de Marie et la paix du monde », dans Itinéraires 38, décembre 1959, p. 24.
29 — Nous ne nous étendrons pas ici, mais il est évident que la chute du mur de Berlin en 1989 n’a pas sonné le glas du communisme. Celui-ci peut changer de tactique et de méthode selon les circonstances, mais aujourd’hui il est loin d’être mort, aussi bien à l’Est que dans le restant du monde, et les « institutions et mœurs de l’athéisme » qu’il a inaugurées en 1917 ne cessent de se développer. On peut se reporter au texte de M. l’abbé Delestre La Russie répandra ses erreurs à travers le monde... A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera, paru dans Le Sel de la terre n° 39, p. 254-258.
30 — Entretien avec le père Fuentès en 1959, Messagero del Cuore di Maria, n° 8-9, août- septembre 1961.
31 — Apparition du 13 octobre 1917 à Fatima.
32 — Entretien de sœur Lucie de Fatima avec le père Fuentès, ibid.
33 — « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ».
34  — Nous y reviendrons un peu plus loin, dans le paragraphe « Rosaire et méditation ».
35 — Entretien de sœur Lucie de Fatima avec le père Fuentès, ibid.
36 — Nous avons trouvé les détails de ces évènements dans deux brochures publiées en Autriche :
- Philipp MAYER, Wie es zur Freiheit Osterreichs kam, Rosenkranz-Sûhnekreuzzug um den Frieden der Welt, Wien, Franziskanerplatz 4, 1995 ;
- père Benno MIKOCKI O.F.M., Gebet in der Not eines Volkes, Modling, Missionsdruckerei Sankt Gabriel, 1985.
37 — Notons qu’un autre prêtre, le père Franz Tauber, avait eu la même inspiration et avait fondé un mouvement similaire en Haute Autriche. Les deux mouvements seront fondus en juin 1949.
38 — Pendant les évènements, celles-ci avaient inscrit 200 000 hommes et jeunes gens dans leurs registres, véritable armée pacifique au service de Notre-Dame.
39 — Ces informations ont été recueillies dans un supplément à Défense du foyer, n° spécial du printemps 1965.